Édition du mardi 1er juin 2010
Un rapport parlementaire souhaite éviter que les enfants vivent à proximité des lignes à haute tension
75% des Européens considèrent que les lignes à haute tension (THT) peuvent affecter leur santé selon un Eurobaromètre publié en 2007. Ce chiffre peut paraître excessif au regard des conclusions du sénateur socialiste Daniel Raoul, à l'origine d'un rapport présenté jeudi dernier sur l'impact des champs électriques et magnétiques sur la santé et l'environnement. «Le risque est faible», écrit l'élu, «il n'y a probablement pas de risque mais il n'y a pas de fait scientifique pour l'étayer indiscutablement.»
C'est là où le bât blesse. Car si aucun lien de causalité n'a été établi, quelques cas de leucémies sont en effet recensés chaque année chez les enfants fortement exposés aux champs électromagnétiques. Rien de très alarmant toutefois : 2 à 12 cas seulement leur seraient imputables chaque année. Pour l'auteur du rapport, la priorité est donc d'empêcher «l'augmentation du nombre d'enfants surexposés».
L'une des recommandations est «d'éviter de nouvelles constructions de lieux dans lesquels vivent les très jeunes enfants tout au long de l'année (domicile, crèche, école maternelle
)». Sans préciser de mesures concrètes pour y parvenir, le sénateur écarte la proposition de l'Afsset d'instaurer obligatoirement une zone vierge de toute construction de part et d'autre des lignes THT. Il souhaite en revanche que l'organisme se mobilise pour produire une nouvelle étude dans cinq ans sur le risque de leucémie.
Autre sujet d'importance : la prise en compte d'une « relation potentielle » entre la maladie d'Alzheimer et les champs électromagnétiques. Le personnel de la SNCF devrait, selon le sénateur, faire l'objet d'une étude épidémiologique. Des travaux effectués en 2006 par l'Université de Berne montraient que la probabilité pour les conducteurs de train de contracter la maladie d'Alzheimer était trois fois plus élevée.
Si trente années de travaux internationaux n'ont pas permis à la science de tirer de conclusions définitives, il semble temps, pour Daniel Raoul, d'opérer un virage dans la façon dont les études sont financées en France. L'Etat doit selon lui « se réengager dans le financement de la recherche sur l'impact des lignes à haute tension. Il y a un problème de crédibilité si RTE (filiale d'EDF, ndlr) finance les recherches». Le financement par le biais d'appels d'offre émis par l'Afsset serait une alternative. Contactée par le figaro.fr, l'entreprise RTE n'a pas souhaité réagir sur ce point.
Enfin, il est question de recenser de nouveau le nombre de personnes dont le taux d'exposition continu aux champs électromagnétiques est supérieur au seuil toléré. Une étude de RTE montre que 375 000 personnes seraient concernées en France. Mais le chiffre avait été obtenu grâce à une extrapolation tirée des cas identifiés dans le seul département de la Côte d'Or, «ce qui ne suffit pas pour avoir une vue sur l'ensemble du territoire», a-t-il conclu.
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